Bonjour,
Laissez-moi commencer par une question : « qui ne désire pas être libre » ? Nous voyons que le désir de liberté fait partie de notre être, nous avons été créés pour être libres, c’était le plan initial de Dieu dans le jardin d’Éden, avoir des vis-à-vis qui étaient libres et responsables de leurs actions. En Genèse 4, nous voyons l’irruption du péché après la chute qui cherche à prendre le dessus sur Caïn : le péché est tapi à ta porte : son désir se porte vers toi, mais toi, domine-le ! (Gn 6.4), le désir du péché est de nous assujettir et nous rendre esclaves de lui. Plus tard avec la Tour de Babel, et toute la suite de l’histoire, l’humain a cherché à être libre hors de Dieu. Croyant pouvoir s’affranchir par lui-même de toutes contraintes.

Mais revenons à Galates, dans cette lettre adressée tant à des croyants d’origines juives qu’à des croyants d’origines « non-juives », Paul désire répondre à une problématique dont il a semble-t-il eu écho, en effet, en Ga 1.6, il interpelle ses auditeurs en leur disant : « Je m’étonne de la rapidité avec laquelle vous abandonnez celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour vous tourner vers un autre Évangile ». Quel est ce problème si grave aux yeux de Paul, qu’il doive parler d’un autre Évangile ? C’est que ce nous allons chercher à comprendre, et pourquoi aujourd’hui encore le danger de cet autre Évangile pourrait être un problème pour notre vie chrétienne.

Cette lettre est semble-t-il l’une des premières écrites par Paul, nous sommes au début de l’Église, et les communautés sont formées de croyants d’origines différentes. Paul doit réaffirmer ou expliquer certaines réalités de l’œuvre du Christ, face à des personnes qui voudraient mélanger les pratiques juives issues de l’Ancien Testament avec celles émanant de l’Évangile. L’une de ces pratiques était la circoncision, institution centrale dans le judaïsme, et symbole d’obéissance, de consécration à l’Éternel Dieu et de mise à part du peuple Juif face aux peuples environnants. Il semblerait que certains responsables de l’Église « mère » de Jérusalem soient venus pour mettre la pression sur les croyants nouvellement convertis. Voici pour le contexte de Galates. Au chapitre 5, Paul récapitule son enseignement avec une phrase-choc ! En effet, il proclame que « Christ nous a rendus libres pour que nous connaissions la vraie liberté. C’est pourquoi tenez bon et ne vous mettez pas à nouveau sous le joug de l’esclavage ». Christ nous a rendus libres ! Et son désir est que nous connaissions la vraie liberté ! Est-ce que Paul veut dire que ses auditeurs n’ont jamais été vraiment libres ? De quel joug de l’esclavage est-il question ? Ce verset à l’effet d’une bombe résume, je pense, tout l’enseignement de Paul aux Galates. C’est Christ qui nous a acquis la liberté, on ne peut pas se libérer nous-mêmes. Tout de suite après, Paul parle de la circoncision comme une annulation de l’œuvre du Christ, pourquoi cette opposition ?

En effet, la circoncision était le signe visible dans la chair que l’on était soumis à la loi de Moïse, elle symbolisait l’appartenance à la communauté israélite. Vouloir rétablir la circoncision, ce n’était pas juste une pratique culturelle, mais bien une allégeance aux lois de l’Ancien Testament. Christ est venu pour nous affranchir non seulement de la loi, mais également de l’esclavage au péché qui nous cerne si facilement.

Le problème de la circoncision était qu’elle était nécessaire pour les judaïsants dans le salut (Ac 15.1), ainsi il ne suffisait pas que les croyants croient en Christ, ils devaient aussi se placer sous l’alliance faite avec Moïse, en d’autres termes, les païens convertis devaient devenir Juifs. Autrement dit, la circoncision permettait d’hériter du salut, et ainsi ils rajoutaient des conditions autres que la foi en Jésus-Christ. Se faire circoncire s’est tenter de trouver sa justification dans la loi au lieu de la trouver par la foi en Christ. Il n’y a pas de justice additionnelle par l’observance de la loi, au contraire cela affaiblit la justice qui vient de Christ et qui est pleinement suffisante.

Regardons quelques instants ce que la liberté n’est pas !

La liberté offerte par le Christ n’est pas un « blanc-seing » nous permettant d’agir à notre guise, au contraire, elle représente une responsabilité, comme celle accordée à Adam et Ève en Éden, celle se soumettre à Dieu. Paul le rappelle avec force en Rm 6.15 où il interpelle ses lecteurs avec cette question rhétorique « Mais quoi ? Allons-nous encore pécher sous prétexte que nous ne sommes pas sous le régime de la Loi, mais sous celui de la grâce ? Loin de là ! » Dans le verset suivant (Rm 6.16), Paul rappelle que si nous vivons dans le péché, alors nous sommes esclaves du péché qui devient notre maître, et auquel nous devons obéir. Nous devons être « esclave de l’obéissance » ce qui nous conduira à une vie juste. Le monde actuel recherche la liberté, nous le voyons à travers des publicités pour des motos, des voyages, et pour les plus anciens, avec le cowboy Marlboro dans les grandes plaines américaines. La liberté n’est pas un concept philosophique, mais une réalité spirituelle essentielle, l’apôtre Jean rappelle que c’est uniquement Jésus-Christ, le Fils qui peut donner la liberté, et cette liberté est acquis dans l’union avec lui. Revenons quelques instants sur l’évangile selon Jean, il est dit en Jn 8.32 : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres » plus loin, il rajoute (v. 36) : « Si donc c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment libres ». La vérité rend libre, et la vérité est dans le Fils, lui seul a le pouvoir d’affranchir.

Dans Galates, Paul l’a bien compris quand il réalise le danger de vouloir rajouter l’obéissance aux prescriptions de la loi dans la pratique chrétienne, c’est un emprisonnement et une marche en arrière par rapport à la seule vraie liberté que le Christ nous a donnée. Paul va plus loin en disant que ceux qui cherchent à se justifier par la loi sont « séparés de Christ » et « déchus de la grâce » (Ga 5.4), ce n’est pas une simple déviation, mais un reniement de la centralité de l’Évangile.

Voici quelques domaines dans lesquels Christ nous a apporté la liberté[1] :

Comme déjà rappelés, nous sommes libres de la malédiction de la loi (Rm 3.20), nous sommes libres de la malédiction d’Adam (Rm 5.12 ; 8.21), nous sommes également libres de la mort spirituelle et physique (Eph. 2.5), nous sommes libres de la crainte de la mort (Hé 2.14-15 ; Ph 1.21). Autre aspect central, nous sommes libres de la condamnation (Rm 8.1 ; 2Co 5.21), et donc également libres de la puissance du péché (Rm 6.14ss). Vous rendez-vous compte, le péché n’a plus de droits « juridiques » sur nos vies, cela ne veut pas dire que nous en sommes immunisés, notre réalité nous le rappelle, mais le péché dans ce qui en faisait sa force a été réduit à néant. Nous avons été délivrés de l’autorité de Satan (Col 1.13 ; Eph 2.2). Et pour terminer en beauté, Paul nous rappelle en Galates 4.5-7 que nous sommes héritiers de tout ce que le Christ nous a acquis, et ceci pour l’éternité.

Quelle doit être notre réponse[2] ?

Premièrement, mettre en pratique cette liberté et en jouir.

Nous devons travailler et cultiver cette liberté, et même j’ai envie de dire, de progresser dans cette liberté, rechercher les domaines où nous ne sommes pas encore pleinement libres. Nous devons « demeurer fermes », c’est un terme militaire, nous devons garder notre position en Christ, nous maintenir fermement dans la liberté. Et donc identifier les aspects de nos vies où il pourrait y avoir des failles. Un des ennemis aujourd’hui pourrait être le légalisme, les fausses doctrines ou encore l’incrédulité. Aux versets 5 et 6, nous retrouvons le trio « foi, espérance, amour », comme des armes de l’Esprit au service de notre foi. Le « joug de la loi » était une image de servitude, mais aussi de travail pénible, le légalisme peut être un joug pénible à porter, ou des habitudes spirituelles stériles, pour rappel le joug du Christ est « doux et léger » (Mt 11.30), l’auteur des Hébreux nous rappelle qu’être sous le joug du Christ équivaut à trouver le repos, pourquoi s’en priver ?

Ne vous laissez pas « à nouveau » être sous le joug de l’esclavage, aussi d’ancienne manière de faire, pour les croyants d’origine païenne. Nous ne pouvons rien faire pour gagner la faveur de Dieu, ni pas nos actions, ni par notre observance de certaines pratiques. Le but de la loi était de nous amener à Christ, comme un pédagogue. Pour ce faire, nous devons marcher par l’Esprit de Christ, et porter son fruit (Ga 5.22). Notre religion, notre doctrine et notre théologie doivent être centrées sur le Christ, pour demeurer dans la liberté.

Dans nos vies, quels pourraient être les domaines où :

– Nous sommes encore esclaves du péché, des addictions, de traits de caractère néfastes, des habitudes coupables, etc.

– Des fausses sécurités, des idoles qui pourraient remplacer l’œuvre du Christ, nous sentir être de meilleurs chrétiens par nos propres efforts, ou encore des raisonnements qui nous poussent à vouloir accomplir par nous-mêmes notre propre salut, hors de la seule grâce et de la foi en Jésus-Christ.

Pour terminer, je vous propose de prendre un temps de prière, et je vous invite à déposer à la croix ce qui vous vient spontanément en tête, et si vous avez des péchés récurrents, je vous invite à en parler avec votre pasteur.

N’oubliez pas : « C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés. Tenez donc ferme, et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage » (Ga 5.1).

[1] Inspiré de Edgar Andrews, La liberté est en Christ – l’épître de Paul aux Galates, Chalon-sur-Saône (F), EUROPRESSE, 1996, p. 258ss.

[2] Andrews, La liberté est en Christ – l’épître de Paul aux Galates, p. 262ss.